La jeunesse sénégalaise reste partagée quant à la possibilité d’injecter du sang neuf dans les partis politiques. Les vieux sont accusés de faire de l’ombre au plus jeunes pour des intérêts personnels.
La place des jeunes dans les formations politiques est un sujet qui intéresse plus d’un, surtout ceux qui ne sont d’aucune obédience politique. Si les uns pensent qu’il y a possibilité de placer les vieilles personnes de la classe politique loin de la gestion du pays, d’autres croient dur comme fer que ce n’est pas demain la veille.
Native de la ville de Saint-Louis, Ndèye Khady Diallo Dial, de passage à Dakar pour les besoins d’un baptême, reste convaincue que la jeunesse ne peut pas s’imposer dans le landerneau politique, du moment que les vieux s'agrippent toujours au pouvoir. ‘’La jeunesse n'a pas trop confiance en notre politique, puisqu’il y a une continuité entre les régimes qui se succèdent au pouvoir. Ce sont toujours les mêmes, depuis Léopold Sédar Senghor. On ne leur donne pas de postes de responsabilité, ni ne les forme à la pratique de la politique. Il y a un manque d'expérience des jeunes par rapport à ces caïmans politiques’’, soutient-elle.
De l’avis de cette Saint-Louisienne, il urge, pour l’heure, de mieux former la jeunesse, ce qui facilitera la mise à l’écart des vieux mastodontes de la gestion du pouvoir. ‘’Il faut exiger aux politiciens qui ont fait tous les régimes de trouver autre chose à faire que d'être des obstacles à la promotion de la nouvelle génération. Qu'ils ne fassent plus partie des décideurs politiques. On n’en peut plus des promesses non tenues. Il faut que les jeunes aussi s’intéressent davantage à la politique, car c’est la meilleure façon de changer la donne’’, croit savoir cette maman qui donne plus que son âge.
Mansour Thiam, un habitant de Thiès qui travaille dans un quartier huppé de Dakar, voit dans cette question une boulimie du pouvoir de la part des personnes du 3e âge. Pour lui, les délices des postes de responsabilité les poussent à ne lâcher du lest pour rien au monde. ‘’Je constate que, dans tous les partis, il existe des patriarches qui s'agrippent aux rênes. Un fait qui est à l’origine des divorces douloureux. Le constat est que ces partis constituent des propriétés privées pour leurs dirigeants. Ce qui fait qu'ils ne laisseront pas une personne autre que leur enfant biologique prendre leur héritage. C'est l'exemple du ‘Gorgui national’, Me Wade, envers son fils Karim. A travers cet exemple, je comprends pourquoi les Moustapha Niasse (leader de l’Afp) et Ousmane Tanor (chef du Parti socialiste), vu leur âge, sont toujours à la tête de leur parti. Peut-être, c'est parce qu'ils n'ont pas eu un héritier au sein de leur famille qu’ils tardent à quitter le poste’’, s’interroge ce jeune homme, très passionné par la politique.
‘’L’alternance générationnelle ne peut pas avoir lieu au Sénégal’’
Si les deux premiers pensent qu’il peut y avoir du sang neuf prochainement, ce n’est pas le cas pour d’autres personnes. Mamya Diop en fait partie. Elle est catégorique. Très coquette, les lunettes intellectuelles bien vissées sur son joli visage, cette comptable dans une boite de la place est pessimiste. ‘’A mon vis, l’alternance générationnelle ne peut pas avoir lieu au Sénégal, si des vieux qui étaient là depuis les indépendances continuent d’être toujours au-devant de la scène politique. Ils se vantent de vouloir servir le Sénégal. Mais, au contraire, ils s’en servent’’, affirme Mlle Diop. Cette interlocutrice regrette que la pratique politique au Sénégal fasse que les alliés d’aujourd’hui peuvent devenir les rivaux de demain et vice-versa. Ce qui l’amène à dire que ce pays est dirigé non pas par des patriotes, mais par des opportunistes.
‘’Pour mettre un terme à cette situation, nous devons tout d’abord retourner à nos anciennes valeurs. Pour cela, nous devons prendre comme référence nos guides religieux comme Seydi El Hadj Malick Sy ou Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Ensuite, il faut faire comprendre aux jeunes générations que la politique, si elle est bien gérée, conduit à l’émergence d’un pays, à l’instar des grandes puissances mondiales. Aussi, nous en tant que jeunes, devrions plus nous impliquer dans le quotidien politique de notre pays et faire notre devoir en tant que citoyens, parce ce que les vieux ont déjà fait leur temps. C’est à nous de prendre la relève’’, lance-t-elle, visiblement intéressée par le sujet. Il faut, à son avis, que la jeunesse de ce pays ait foi en elle, si elle veut que les choses changent dans le ‘’bon’’ sens.