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ENTRETIEN AVEC… Dr Selly Ba, sociologue, chercheure et membre du Mouvement citoyen : «Les jeunes filles sont doublement discriminées en raison de leur sexe et de leur âge»

Comment appréciez-vous la participation des jeunes femmes dans les partis politiques au Sénégal ?

Les institutions politiques ont traditionnellement été créées et dominées par les hommes qui décident des règles du jeu politique. Bien qu’elles aient fait d’énormes progrès pour devenir plus accessibles aux jeunes et aux femmes, il semble que ces efforts n’aient pas été suffisants pour briser la structure hiérarchique de ces institutions.

Les jeunes sont souvent exclus ou ignorés comme potentiels candidats aux postes d’élus en raison de leur âge, mais aussi des possibilités limitées et du manque conséquent d’expérience, malgré leur poids numérique. La limite d’âge pour être candidat, notamment à la Présidentielle (35 ans), représente une barrière bien plus concrète.

 En plus, la politique est généralement considérée comme un espace pour les hommes expérimentés en politique en raison d’un système gérontocrate, mais également patriarcal. Ce qui fait que les femmes sont souvent désavantagées dans l’accumulation d’expériences pour s’engager en politique. Ce qui justifie la position quasi inexistante des jeunes filles, car elles sont doublement discriminées en raison de leur sexe et de leur âge. A titre d’exemple, la représentation des filles au niveau institutionnel est insignifiante. Malgré les avancées juridiques et institutionnelles, la participation politique des jeunes femmes demeure très faible.

Est-ce que les jeunes militantes occupent des postes qu’elles méritent en dehors des mouvements de jeunes femmes qui leur sont réservés de facto, vu leur engouement pour la chose politique ?

 Pratiquement non, en raison des querelles de positionnement, du système politique gérontocrate et patriarcal. L’autre contrainte évoquée est le manque de temps en raison de l’activité professionnelle. Ce qui fait qu’elles sont minimisées durant les réunions.

Dans ce cas, participent-elles réellement à la prise de décisions? Est-ce que leur voix compte réellement au niveau de leur parti ?

La jeunesse a du mal à se faire entendre. Elle est classée dans la zone des immatures. Le plus souvent, les politiques qui sont menées par les décideurs ne répondent pas à leurs attentes. Les filles sont taxées des fois de ne pas être fortement engagées. A ce niveau, il est important de préciser qu’elles sont préoccupées par l’emploi comme tout jeune de leur âge.

Observez-vous une émergence du leadership féminin jeune au Sénégal en matière politique ?

Si pourtant, je note une présence de jeunes filles leaders sur le terrain politique. Elles sont en train de faire leur petit bonhomme de chemin, et elles sont en train de se construire.

Que faut-il faire pour mieux accompagner les jeunes militantes politiques ?

 La formation politique est plus que nécessaire dans les partis politiques, car il n’y a plus d’école de parti. Il est important de former les filles sur les systèmes politiques, la citoyenneté, le management, les questions de leadership, de con­fiance en soi, de droits humains, de genre, pour plus de pugnacité.