«J’ai travaillé dans l’espace de la Commission africaine comme représentant de la société civile pendant dix ans. Hier nous avons parlé des questions des Lgbti pour la première fois (Ndlr : à l’occasion d’une session parallèle). Nous avons donné une petite introduction sur le système africain de protection des droits humains. L’évidence sur le continent, c’est qu’il y a des cas d’arrestations arbitraires. La semaine dernière on a vécu une pareille affaire qui a impliqué une défenseuse sud-africaine des droits humains très reconnue qui sera ici (Ndlr : àa 61e Commission de la Cadhp) dans les prochains jours. Mais je pense que nous devons nous rappeler que le problème ne concerne pas exclusivement les arrestations, mais les actes de violations commises par les acteurs étatiques et les exactions vécues par les personnes Lgbti dans leur propre famille où elles souffrent de discriminations. Elles éprouvent des difficultés à trouver du travail et n’ont pas accès l’éducation, etc.
«Nous insistons sur le respect des droits humains pour tout le monde, pas seulement des Lgbti. Les droits revendiqués par les Lgbti sont des droits protégés par la Charte africaine des droits de l’homme.
C’est vrai qu’il y a plus de visibilité des Lgbt qui entraîne des réactions. Nous avons la possibilité de connaître la situation de personnes qui normalement seraient restées cachées. Elles ont le courage et des opportunités pour faire entendre leurs voix.
Le problème de leur intégration n’est pas exclusif à l’Afrique, on le vit en Europe, en Amérique latine et ailleurs. Dans toutes les sociétés il y a eu des personnes dont l’orientation sexuelle ne respecte pas la norme sociale. Elles ont existé depuis la nuit des temps. Le défi qui nous interpelle est la visibilité politique. Il y a des appels au respect des traditions et de la religion qui crée des complications. Il y aussi les questions des identités de genre différentes et des orientations sexuelles différentes que les gens n’arrivent pas à exprimer, notamment ceux qui vivent dans de petits villages. C’est relativement facile pour les Lgbti qui vivent dans les grandes villes. Il est nécessaire aujourd’hui que l’on communique sur les instruments internationaux de protection des droits de l’homme comme la Charte africaine des droits de l’homme, le protocole de Maputo afin que les gens parviennent à mieux les manipuler».
Propos recueillis par Irène Sidonie Njabun