Dans le cadre de la lutte contre l’une des trois pandémies du siècle, les gouvernements des pays du monde entier, et les bailleurs de fonds internationaux se sont unis contre ce fléau qui a emporté des vies humaines par dizaines de millions en moins de deux décennies. Pour ce faire, de stratégie en stratégie, les acteurs à la lutte ont mis sur pied des politiques de prévention, de traitements, et d’autres mesures sociales susceptibles d’encadrer le contrôle de la pandémie du VIH/sida notamment.
Dans ce registre, la protection des groupes spécifiques vulnérables (GSV) au début des années 2000 s’est illustré comme un des points importants, sinon cruciaux, dans la réduction de la propagation du virus de l’immunodéficience humain (VIH). Ils sont détenus, travailleuses du sexe, les utilisateurs de drogues, les hommes qui aiment les hommes, et les femmes qui aiment les femmes. Et sont des groupes dits marginaux qui étaient jusque-là laissés en dehors des programmes de prise en charge des Personnes vivants avec le VIH /sida (PVVIH). A la fin des années 1990, le Cameroun avait recensé une population de près de 3.000 Homosexuels mentionnés dans sa toute première stratégie de lutte contre le VIH /sida pour les années 1995- 2000. A cette époque la prévalence sur le plan national affiche les 12%, avec des disparités énormes par région, et par catégories sociales. Des études menées sur les questions feront état de 14% ici, 20% là, 18% chez les femmes enceintes, etc. Dans la population des GSV, les organisations de la société civiles (OSC) établissent par leurs investigations qu’ils sont marginalisés en raison de leurs activités. C’est ainsi qu’au cours des années 2004, des associations locales prennent en main ce problème qui selon leurs promoteurs « risquent de saper les efforts consentis dans la lutte contre le VIH ».
En 2006 le Réseau Ethique et Droits dans le Sida (REDS) s’investira dans un programme de protection de cette population. Appuyé par des organisations internationales, cet OSC emmené par son président Jean-Marie Talom a organisé de nombreuses sessions d’information et de formation des acteurs de la société civile dont entre autres des associations de Pvvih, des groupes de défense et de protection des droits humains, et des médias. Avec à chaque fois, la présence d’un représentant d’une structure étatique délégué par son administration. Aux côtés du REDS également, l’association Alternatives Cameroun, du jeune Christian Nemadeu qui a fait de la défense des droits humains, ceux des groupes marginaux et des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, et transsexuels) son cheval de bataille. Dans l’intervalle, la mise sur pied des lois sur la VIH /Sida inspiré par l’actualité sous d’autres cieux, en Europe notamment fait son apparition en Afrique.
Au Cameroun, la première mouture d’un texte prend corps en 2006, d’abord rédigé par la société civile, il est amandé par le gouvernement à travers le Ministère de la santé publique (Minsaté) qui l’oubliera ensuite dans ses tiroirs. Jusqu’en 2008, lorsque le Reds l’y extraie pour l’exposer aux OSC aux fins de son enrichissement. L’essence même ce cette loi, est le respect des droits humains, des personnes aussi bien infectées qu’affectées. Ce qui inclut les groupes marginaux et les LGBT. La validation de cette disposition sera synonyme pour le pays de Paul Biya, de la décriminalisation de l’article 347 bis du code pénal qui punit d’une peine de prison et d’une amande des camerounais pris en flagrant délit de d’ébats amoureux avec une personne de leur sexe.
Irène Sidonie Ndjabun