Peut-on traiter du droit à la santé pour les communautés LGBTI sans faire l’apologie de l’homosexualité ?
Peut-on diluer une information ? Comment traiter une information avec subtilité ? La question de l’homosexualité peut-elle être masquée dans un article qui traite de l’agression d’un homosexuel ? Les médias peuvent-ils rendre compte des activités liées à la vie et aux problèmes des communautés LGBTI sans faire la promotion de l’homosexualité ?
L’homosexualité est-il un problème politique ou sociétal au Cameroun ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles une vingtaine de journalistes triés sur le volet ont débattus durant deux jours, du 23 au 24 Novembre 2017 dernier à Douala. Il y avait au menu de cette réunion peu orthodoxe dans la profession, « la restitution d’une étude sur le contenu de cinq médias entre 2009 et 2016 », soit trois titres de presse écrite et deux sites internet sélectionnés au hasard. De manière générale, on est arrivé à la conclusion que la plupart des articles qui ont été choisis étaient focalisés sur les violences faites aux homosexuels. Rien sur les programmes et projets qui sont élaborés par le gouvernement et financés à hauteur de centaines de milliards de FCFA par les bailleurs de fonds bi et multilatéraux, ainsi que d’autres partenaires techniques et financiers.
Par ailleurs, les représentants des médias ont appris à leur grande surprise que les fonds alloués à l’Ong Adhefo de Me Alice Nkom n’avait pas été retournés à l’Union Européenne comme ils l’avaient cru. D‘autres interrogations sur les dénonciations contrastées du Ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary relatif à la publication du Top 50 des homosexuels tapis dans les sphères du pouvoir au Cameroun, les subventions octroyés aux pays par le Fonds Mondial, ainsi que le renforcement de la loi qui criminalise la pratique de l’homosexualité ont fait l’objet de commentaires.
Une petite évaluation des réticences des médias face aux sujets LBGTI a été initiée par le consultant de l’Institut Panos, Gilles Herbert Fosto, parti de Dakar au Sénégal pour superviser l’atelier. Elle est liée aux obstacles à une couverture professionnelle responsable et indépendante de la question LGBTI. Le droit à la santé est un ensemble de facteurs qui influence notre bien-être. Cela passe par l’accomplissement plus d’une dizaine de déterminants de la santé tels que l’éducation, le logement décent, un travail décent, un environnement saint, la protection sociale entre autres composantes. Ci-dessous, les suggestions des journalistes visant à mieux renseigner le grand public sur les ennuis sanitaires des minorités sexuelles.
Irène Sidonie Ndjabun