Une rare victoire qui commence par un échec. Tel est l’histoire de la Résolution 275. Stefano Fabieni, Directeur exécutif de Synergie for Humann Right, un habitué des sessions de la Commission africaine des Droits de l’homme et des peuples depuis dix ans, se souvient de «l’idée d’une résolution née du fait que la Coalition of African Lesbians (CAL) s’est vu refuser le statut d’observateur des Droits de l’Homme à la Commission en 2010 ». La raison évoquée était la préservation des valeurs africaines. La présidente de la Commission de l’époque, brandissant la Bible (et non la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples), avait ainsi motivé le rejet. Les activistes encaissèrent le coup et décidèrent de reculer pour mieux sauter.
Reculer c’était revenir aux fondements des Droits de l’homme en Afrique et fournir une interprétation qui permet d’intégrer les droits des LGBTI. Car si la présidente de la Commission avait brandi la Bible, c’est que c’est parce que c’est la seule base qu’elle avait à sa disposition.
Reculer c’était aussi ne pas tout de suite parler de dépénalisation. Il fallait, dans un premier temps, évoquer les violences dont les LGBTI sont victimes et assurer leur protection contre ces violences. Ceci est d’autant plus acceptable que la violence, contre qui que ce soit, est illégale. Par ailleurs la CAL et Amsher (African men for Sexual and Health and rights) ont fourni un rapport qui faisait état des violences subies par les LGBTI sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. Voilà en quoi les activistes ont choisi de reculer.
Sauter, c’était fournir une base commune pour le respect des droits des LGBTI en Afrique. Un draft de résolution a été alors préparé et un lobbying mené auprès des commissaires. La résolution passera comme une lettre à la poste en 2014, à la 55e session ordinaire de la Commission a Luanda. Une conséquence immédiate se profile déjà : la CAL a obtenu son statut d’observateur dès la session suivante.
Sacré parcours. Cependant, comme on a pu le constater depuis lors, il semble que le chemin le plus long de la résolution n’est pas ce qu’il a déjà parcouru, mais bien le trajet qu’il lui reste à faire.
Joachim Ntetem
Histoire d’une résolution.
Une rare victoire qui commence par un échec. Tel est l’histoire de la Résolution 275. Stefano Fabieni, Directeur exécutif de Synergie for Humann Right, un habitué des sessions de la Commission africaine des Droits de l’homme et des peuples depuis dix ans, se souvient de «l’idée d’une résolution née du fait que la Coalition of African Lesbians (CAL) s’est vu refuser le statut d’observateur des Droits de l’Homme à la Commission en 2010 ». La raison évoquée était la préservation des valeurs africaines. La présidente de la Commission de l’époque, brandissant la Bible (et non la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples), avait ainsi motivé le rejet. Les activistes encaissèrent le coup et décidèrent de reculer pour mieux sauter.
Reculer c’était revenir aux fondements des Droits de l’homme en Afrique et fournir une interprétation qui permet d’intégrer les droits des LGBTI. Car si la présidente de la Commission avait brandi la Bible, c’est que c’est parce que c’est la seule base qu’elle avait à sa disposition.
Reculer c’était aussi ne pas tout de suite parler de dépénalisation. Il fallait, dans un premier temps, évoquer les violences dont les LGBTI sont victimes et assurer leur protection contre ces violences. Ceci est d’autant plus acceptable que la violence, contre qui que ce soit, est illégale. Par ailleurs la CAL et Amsher (African men for Sexual and Health and rights) ont fourni un rapport qui faisait état des violences subies par les LGBTI sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. Voilà en quoi les activistes ont choisi de reculer.
Sauter, c’était fournir une base commune pour le respect des droits des LGBTI en Afrique. Un draft de résolution a été alors préparé et un lobbying mené auprès des commissaires. La résolution passera comme une lettre à la poste en 2014, à la 55e session ordinaire de la Commission a Luanda. Une conséquence immédiate se profile déjà : la CAL a obtenu son statut d’observateur dès la session suivante.
Sacré parcours. Cependant, comme on a pu le constater depuis lors, il semble que le chemin le plus long de la résolution n’est pas ce qu’il a déjà parcouru, mais bien le trajet qu’il lui reste à faire.
Joachim Ntetem