Seize groupes de travail ont été mis en place le 30 octobre 2017, dans le cadre du Forum des Ong pour la participation à la 61e Commission des Droits de l’homme et des peuples, pour débattre des points spécifiques relatifs à une meilleure protection juridique, sociale et économique des populations africaines. Il s’agit de sujets importants, mais qui ne font pas toujours courir les défenseurs des droits de l’homme sur le continent au risque d’entrer en confrontation avec des valeurs ancrées chez lez populations, notamment en ce qui concerne l’orientation sexuelle.
Talib Mohamad, membre du Centre d’Etude en droits humains et démocratie au Maroc estime qu’il faut «y aller doucement, ne pas prendre les standards internationaux occidentaux et les appliquer à la lettre dans notre société. Il y a des gens qui ont des orientations sexuelles différentes de celles du reste de la population, mais il faut gérer sa sexualité en cachette, ne pas l’exposer pour ne pas heurter le conscient collectif des gens».
Vital Shimirimana, membre de l’Ong Defenders Network au Burundi, se porte en faux par rapport à cette position. Pour lui, les Droits de l’homme ne sont pas l’apanage de l’Occident, «ils ont existé dans les pays africains depuis des lustres. La problématique de la dignité des humaine est universelle car l’être humain est interchangeable d’un pays à un autre, d’un continent à un autre», a-t-il conclu.
Clément Nyaletsossi Voulé, Directeur du Plaidoyer pour l’Afrique et Directeur du programme Pays en transition à l’International Service for Human Rights, pense que «chaque pays a sa spécificité et ses réalités. Mais si ces instruments ne sont pas adaptés au contexte africain, on pourrait dire aussi que le contexte camerounais n’est pas similaire à la situation au Zimbabwe. Il y a un dénominateur humain, la personne humaine est sacrée. Les mécanismes de mise en œuvre peuvent différer selon les pays, mais pas les droits fondamentaux qui sont les mêmes».
Pour M. Nyaletsossi, «si tous nos pays ont signé ces conventions, c’est qu’ils ont regardé les textes par rapport à leur législation nationale avant d’apposer leur signature. Et dès qu’on a signé des textes, on a l’obligation de les appliquer. Tout ce qui va dans le sens de la promotion des droits humains doit être encouragé. Parfois les pays africains sont à l’origine même de ces instruments, c’est le cas du droit au développement qu’ils élaborent au niveau international. Ce sont eux qui prennent l’initiative». Selon cet expert des Droits de l’homme, la mise en œuvre des conventions internationales ne pose pas seulement problème en Afrique, c’est aussi le cas en Europe.
Irène Sidonie Njabun