La Côte d’Ivoire ne saurait être taxée de pays officiellement homophobe. Ses textes de loi ne s’y prêtent pas. Il n’existe également pas de politique homophobe orchestrée par des décideurs politiques. Cependant, confie Stéphane Kahi d’Alternative Côte d’Ivoire, une Ong qui, entre autres, s’occupe de la protection des droits des LGBTI, il existe des homophobes au sein des populations. « Les cas de violations rapportés sont du fait des populations ; il y a une non application des procédures et textes en vigueur ».
A la faveur du Forum sur la participation des Ong à la 61ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, qui se déroule à Banjul, en Gambie, M. Stéphane confie qu’il n’est pas toujours évident qu’une plainte d’une personne membre de la communauté LGBTI soit recevable par les policiers et les gendarmes, à cause de leurs convictions personnelles et de leur non acceptation de cette communauté. Les violences se poursuivent sans que les forces de sécurité ne soient alertées, parce que les victimes préfèrent garder le silence plutôt que de porter plainte. « L’accès aux services de l’administration publique n’est pas facile pour les hommes efféminés. Ils peuvent tomber sur des personnes "LGBTIphobe"», avoue Stéphane Kahi.
Par contre, se réjouit-il, les LGBTI ont de moins en moins de difficultés à fréquenter certains hôpitaux publics. Grâce aux nombreuses campagnes de sensibilisations du personnel médical, en plus des formations reçues pour une meilleure prise en charge de ces populations, la situation commence à changer. Il reste que pour des questions de dogme il leur est pratiquement impossible de fréquenter des communautés religieuses si leur penchant sexuel est connu. « Les LGBTI sont rejetés s’ils refusent de se faire délivrer. Ce rejet est dû au fait que les livres saints condamnent cette pratique», informe-t-il. Ce rejet, est aussi constaté dans des quartiers, au sein des communautés et à l’intérieur même des cellules familiales. « La personne identifiée LGBTI sera mise à l’écart, pointée du doigt, voire être victime de violence», note-t-il.
Herman Bléoué