L’histoire de cette femme d’une soixantaine d’années, née d’un père Sénégalais et d’une mère N’zima, est l’exemple type de la culture matrilinéaire adopté p1r toute la communauté du Sud-Comoé ivoirien.
Après le décès de son oncle, elle hérite en 2008 du trône qui fait d’elle la nouvelle chef du village d’Abrobakro, dans la Commune de Bonoua . Malgré le refus de quelques personnes qui ne pouvaient pas accepter qu’une femme les gouverne et dont certains sont morts en voulant aller contre les principes ancestraux, elle accède au trône et est soutenu par un collège de notables et de conseillers parmi lesquels son époux, Pierre Nogbou, qui soutien cette dernière dans ses prises de décisions. ‘’Bien avant même qu’elle ne soit le chef de ce village, je la respectais en tant qu’épouse. Et elle aussi me respecte. Aujourd’hui, avec sa qualité d’autorité qui gère tout un peuple, je ne peux pas lui manquer de respect. Pour être à l’aise dans le rôle d’époux d’une chef de village, il faut laisser de côté son orgueil d’homme et laisser son épouse faire son travail afin de jouer pleinement le rôle qui lui a été confié. Je sais que si c’était moi qui avais été désigné comme chef de village, elle m’aurait aidé dans ma tâche. Pour cela aussi, je la soutiens dans ses prises de décisions pour le bien-être des populations de ce village. Si elle gère mal, je serai également pointé du doigt, donc j’ai le devoir de l’aider à réussir sa mission’’, nous a t-il expliqué.
Concernant ses attributions, Nanan Aga a tenu à signifier qu’avant de se vêtir de ses attributs de chef de village, elle est et demeure une femme au foyer. Pour ce faire, lorsqu’elle se réveille le matin, elle veille à bien tenir sa maison et à prendre soin de son époux et de ses enfants avant toute autre chose. ‘’Je continue de vaquer à mes occupations, même en tant que chef de village. Actuellement, ma fille vient d’accoucher, donc je m’occupe de la nourrice et ensuite lorsqu’il y a une affaire du village, je fais appel aux conseillers et aux notables. Ensemble, nous débattons de la question et nous trouvons la solution au problème posé. Ensuite, moi je donne le verdict. Je ne prends aucune décision personnelle ’’, a-t-elle tenu à ajouter.
Comme conseil, elle demande à toute femme qui est destinée à devenir chef de village d’avoir de la patience, de la lucidité et un sens de l’écoute accentué. ‘’Un chef, qu’il soit un homme ou une femme, est obligé d’être à l’écoute de ses populations, toutes tranches d’âge confondues car souvent, la vérité sort même de la bouche des enfants. Pour être en phase avec ses administrés, un chef doit être attentif et savoir analyser les situations avant de prendre une décision’’, conseille Nanan Aga Elisabeth.