Soutenir la production et le partage d'informations qui contribuent au changement social

Société : Pourquoi le lesbianisme est plus toléré que l’homosexualité au Sénégal

 

 A côté de la catégorie des hétérosexuels constituant la plus grande partie des populations, les lesbiennes ou partisanes de l’homosexualité féminine sont nombreuses au Sénégal et y vivent dans la clandestinité. Leur situation est restée problématique du fait du rejet et de la stigmatisation dont celles qui la pratiquent font l’objet. Mais, il faut dire qu’elles sont plus tolérées que leurs semblables hommes adeptes de l’homosexualité.

 Dans le lot des faits assimilés par la justice sénégalaise d’actes contre nature, figure le lesbianisme définit également comme l’homosexualité féminine. Un micro-trottoir réalisé, à Dakar, a permis de recueillir l’avis de quelques femmes. Que d’avis divergents. Les unes fustigeant cette orientation sexuelle qu’elles disent ne pas comprendre. Les autres s’abstenant de formuler des critiques ou d’apprécier cette pratique. Mais, toutes s’accordent à dire qu’elles cautionnent moins l’homosexualité masculine que le lesbianisme.

 Vu la sensibilité de la question jugée ‘’tabou’’ par plus d’uns, des interrogations faites auprès de certaines personnes ont permis de recueillir les avis des unes et des autres. De ces positions, il est ressorti que les populations qui détestent l’homosexualité masculine tolèrent mieux le lesbianisme. Mor B. est de ceux-là qui ne badinent pas avec ces types d’orientation sexuelle. Il pense que les homosexuels doivent être châtiés. ‘’Je ne peux pas admettre qu’un homme puisse préférer avoir des rapports sexuels avec une personne de même sexe que lui. Ceux qui font cela, on doit les punir sévèrement. C’est juste de la folie ! Je dirais même un vice. Au fait, je peux comprendre les femmes homosexuelles, c’est à dire celles qui pratiquent le lesbianisme. Elles sont plus tolérées que les autres. On peut légitimer leur acte par le manque de partenaires sexuels masculins. Tel n’est pas le cas pour les hommes’’, a-t-il confié à Seneweb.

 

‘’ Je ne peux pas admettre qu’un homme puisse …’’

 

Marième, elle, a estimé que certaines questions ne doivent même pas faire l’objet de discussions. Et que le débat est inutile dans cette situation. Pour elle, chacun est libre de mener sa vie comme il l’entend. Seulement, elle dit être croyante et tient ainsi compte des barrières érigées par la religion musulmane.

"Hormis l'aspect religieux, je pense que c'est leur vie. Et les gens ont le choix d'en faire ce qu'ils veulent. Elles peuvent suivre leur chemin comme elles le sentent dès l'instant que ça ne trouble pas l'ordre public et heurtent la société à majorité conservatrice et croyante. L'occident nous a appris à accepter l’homosexualité par différentes manières. Ils s'y ont pris depuis des décennies pour nous le faire assimiler. C'est seulement maintenant avec le libéralisme que la pudeur tend à disparaître exposant tous ces failles. Certaines n'ont pas reçus l'éducation nécessaire pouvant leur permettre de différencier le bien du mal. D'autres se veulent des assimilés en herbe au point de ne plus faire la différence entre ce qu’on est et ce qu’on doit être", dit Marième.
Pour K. les pratiques homosexuelles doivent être raillées de la carte. Puisque n’étant point toléré dans la société sénégalaise. ‘’Religieusement et socialement parlant, c'est un phénomène à bannir. Car, lorsqu'on parle de couple, c'est entre deux personnes de sexe opposé. Il s'y ajoute l'amour ne doit pas être caché. Le véritable amour doit être vécu au vu et au su de tout le monde. Alors, pourquoi se mettre dans une relation où on est condamné à vivre en cachette vu qu’elle ne sera jamais acceptée ?’’ se demande-t-elle.

 

‘’Avec le libéralisme que la pudeur tend à disparaître’’

 

D'un autre côté, celle-ci trouve que ‘’les personnes qui ont des penchants homosexuels ne doivent pas être stigmatisées toutes. Certains le sont devenus par la force des choses’’ dit-elle. ‘’Ce n'est pas par déviance ou vice qu’elles le sont toutes. Car, il y en a, parmi les lesbiennes, certaines qui ont vécu un traumatisme sexuel à l’origine de leur dégout pour les hommes. Elles s'y réfugient donc pour oublier. Mais, dès fois elles restent prisonnières de ce penchant. Il faut aussi prendre en compte une réalité méconnue ou négligée. Pour certaines femmes, l’appétit est venu en mangeant. Cela veut dire que c'est par vice. Etant jeune garçon ou jeune fille, beaucoup d’entre eux s’adonnent à des jeux érotiques. Au fil des ans, certains arrivent à faire le distinguo mais d'autres restent prisonnières de ces pratiques. Ce qui fait qu'elles ne sont pas lesbiennes uniquement, mais bisexuelles. Elles ont alors un copain ou un mari à côté".

 Une autre interlocutrice qui a préféré gardé l’anonymat pense, quant à elle, que c’est une notion de liberté. "Chacun a le droit de faire de sa vie ce qu'il veut. Mais du point de vu religieux c'est banni, donc je suis contre le lesbianisme" confiera-t-elle, dès que tombe la question. Quant à l’homosexualité, il n’en a même pas parlé.

Youssoupha MINE