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Fichier sanitaire : L’inquiétude des juristes face aux doléances des professionnels du sexe

La question de la radiation du fichier sanitaire et social demeure une préoccupation majeure pour les professionnelles du sexe. Mais cette question ne laisse pas de marbre les juristes, protecteurs des droits des citoyens, devant la loi. 

 Me Bamba Cissé est du nombre des juristes qui ont fait leur preuve à la barre. Invité à donner son avis sur des points qui portent sur la prostitution, le fichier sanitaire et la radiation audit fichier, sur lequel s’est penché Seneweb, dans le cadre d’un article, il a évoqué l’article 6 de la loi n° 66-21 du 1er février 1966 relative à la prostitution. Un article qui dispose que ‘’toute personne qui désire cesser définitivement de se livrer à la prostitution peut requérir de l’autorité administrative sa radiation du fichier’’. Celle-ci, poursuit-il, est prononcée si sa déclaration est reconnue sincère. Et tout demandeur remplissant les conditions requises par la loi peut saisir le juge aux fins d'obtenir de l'administration sa radiation si la saisine de l'administration reste sans suite’’. Malgré tout cela, les traces ne disparaissent pas pour autant.

Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh) trouve que la demande de radiation complète du fichier est une revendication légitime. ‘’On peut s’adonner temporairement à la prostitution, comme on peut en faire un métier toute sa vie. Mais, dès lors qu’on accepte de tourner la page, il n’y a plus de raison à ce que son nom reste sur le fichier. Aujourd’hui, il est aberrant qu’on puisse créer un fichier où sont stockées les données personnelles de ceux qui s’adonnent à la prostitution pour une simple affaire de contrôle, même s’il s’agit d’une question de santé publique.

‘’On doit aller vers une flexibilité qui assure à ceux qui s’adonnent à la prostitution de pouvoir s’astreindre à ces visites régulières tout en protégeant leurs vies privées et la confidentialité qui peut s’attacher à des données personnelles qui peuvent être recueillies dans ce cadre. Si vous mettez trop de contraintes, trop de lourdeurs, à une obligation, vous créez les portes d’un contournement de cette exigence ou de cette obligation.  Et c’est cela le danger’, souligne Me Ndiaye. Il est d’avis que celles qui peinent à voir leur nom radié de ce fichier sont, d’une certaine manière, victimes d’une violation de droit humains. C’est même de la stigmatisation.

Youssoupha MINE