La loi n’est pas parfaite. Elle laisse beaucoup de vide. «Avec l’évolution sociale les textes doivent suivre, sinon ils deviennent obsolètes. C’est le cas du texte sur la prostitution. Il est même tombé dans l’oubli». Juriste consultante en droit humains, membre de l’Association des juristes sénégalaises, Khady Bâ affirme sans ambages que « le législateur a donné d’une main, en adoptant une loi qui tolère la prostitution, ce qu’il a retiré de l’autre en rendant quasi impossible le cadre d’exercice de cette activité».
Les incohérences ne manquent pas dans cette loi, que les juristes cite à l’envi. Il en des articles qui parlent d’outrage public et de proxénétisme. La prostitution est un métier légal reconnu par la loi, mais il y a toujours une nuance qui permet de distinguer une prostitution officielle désignant celles qui se pratique en règle de la prostitution dite clandestine, pratiquée par les professionnelles du sexe qui ne sont pas inscrites au fichier sanitaire. «Encore que ce carnet sanitaire est discriminatoire», renseigne Mme Bâ qui souligne qu’une disposition de la loi fixe l’âge de la prostitution à la majorité de 21 ans. «Il serait judicieux de changer cette disposition pour revernir à 18 ans, vu que la prostitution juvénile et largement pratiquée. La prévention devait prendre en compte cet état de fait. Permettre à ces jeunes de se doter d’une carte sanitaire faciliterait du coup leur accès à la prévention contre le VIH», constate-t-elle.
De même, avec l’explosion des réseaux sociaux, les jeunes professionnelles du sexe ont investi la toile. Plus besoin de racoler dans les rues. «Il s’agit de définir le cadre d’exercice et donner une définition claire et précise à certaines notions comme le racolage», renseigne Khady Bâ.
Yandé Diop