Les tracasseries policières constituent, de nos jours, des épines aux pieds des professionnels du sexe qui les assimilent à « des contraintes majeures ».
A Dakar, terreau fertile pour leurs activités, plusieurs professionnelles du sexe râlent. Se confiant, en marge d’une rencontre, l’une des responsables d’organisation de défense des droits des professionnels du sexe a porté la voix de ses paires. En se confiant, elle a pointé un doigt accusateur vers les agents de la police. Et selon elle, beaucoup d’entre ces éléments des forces de sécurité leur font subir des chantages et des tracasseries.
«Au Sénégal, nous assistons à une situation incompréhensible. La loi a autorisé la prostitution, mais elle n’a pas déterminé un cadre d’exercice. Donc, à tout moment, les policiers, selon leurs humeurs, peuvent intervenir et procéder à des arrestations. Le plus souvent, après des opérations dites de sécurisations, des Ps appréhendées sont accusées de fait de racolage sur la voie publique. Et comme le dernier mot leur revient, vu que force doit rester à la loi, on ne peut que subir leur dictat. Nous sommes nombreuses à croire vivre encore à l’heure préhistorique, au vu des violations de nos droits. Parce qu’on dispose d’une loi obsolète qui fait que les forces de l’ordre peuvent à tout moment procéder à l’arrestation de nos camarades. Cette loi relative à l’exercice de la prostitution a été votée dans les années 60. Mais il n’existe point de cadre légal de travail pour les professionnels du sexe. Et même le carnet sanitaire, comme l’exige la loi, nous impose une visite médicale tous les 15 jours. C’est autant de choses qui font que les forces de l’ordre ont toujours des arguments pour nous appréhender malgré l’existence de cette loi», peste cette professionnelle du sexe.
Mme F. souligne qu’il y a beaucoup de professionnels du sexe qui disent avoir été victimes de chantage et de viol. Des faits qu’elles reprochent aux forces de l’ordre. «C’est ce qui fait que nous avons fini par mettre en place un système de cotisation pour pouvoir mener tranquillement nos activités en payant les policiers qui nous rackettent. Nos membres qui refusent de passer à la caisse régulièrement sont, elles, ciblés et peuvent, dès lors, faire l’objet de tracasseries policières qui ne disent pas leurs noms’’, confie-t-elle.
Des propos que l’une de ses collègues confirme. Mme S. responsable d’une structure de défense des droits des professionnels du sexe plaide par ailleurs la révision des textes. «Je pense que l’Etat doit revoir les textes, harmoniser les lois et essayer de déterminer un cadre légal d’exercice. Il serait bien, par exemple, de revoir comment changer les visites de santé pour qu’elles se fassent mensuellement. Cela pourrait régler, au moins, quelques problèmes. Et si le fichier n’est pas géré avec beaucoup plus de rigueur, avec plus de confidentialité, l’on continuera de voir un nombre grandissant d’acteurs agissant dans la clandestinité. une situation qui va favoriser la propagation du Vih au Sénégal».
Youssoupha MINE