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Maintien des jeunes filles en cours de scolarité au Niger : Promesse du mariage !

Un enseignant qui sauve la fille du chef du village d’un mariage forcé par une contre- promesse de mariage comme… garantie ! Lisez plutôt une histoire particulière de promesse de mariage en lien avec la question de scolarité de la jeune fille. Fadima Mai Harandé peut aujourd’hui s’estimer heureuse. Elle tient un mari et espère réussir à l’école….

« Pour empêcher son mariage programmé de longue date, je n’ai eu d’autre choix que de m’engager sur une nouvelle promesse de mariage auprès de ses parents, qui fort heureusement ont acquiescé. Le geste a eu l’effet immédiat de la maintenir à l’école. J’ai réussi à convaincre ses parents lors des rencontres de sensibilisation afin qu’ils consentent de restituer la dot à son premier prétendant. Quant à moi, je me suis engagé à prendre Fadima en mariage une fois qu’elle aura atteint l’âge nécessaire, mais à condition qu’on la laisse venir à l’école. Fadima Mai Harandé est une fille très intelligente et extraordinaire. Mon combat est de faire comprendre à cette communauté qui vit aux confins du Sahara, très éloigné des grandes villes du pays que tout comme un garçon, la fille à aussi des droits, elle doit aller à l’école et réussir… » a affirmé l’enseignant Babayé Ibrahim. Natif de Gouna, Commune rurale du département de Mirriah dans la région de Zinder, Babayé Ibrahim est âgé de vingt neuf ans (29) a débuté sa carrière d’enseignant en 2010. Après avoir raté trois fois le Baccalauréat et compte tenu de la situation de sa famille, il s’était senti contraint d’aller passer le test de recrutement d’enseignants bruts pour le compte de la région de Diffa. Il réussira son pari par la volonté d’Allah. C’est ainsi donc qu’il sera par la suite affecté à Gadouram, un village situé à 25 Km à l’Est de Goudoumaria.

Il se rappelle toujours de ses débuts, comme si c’était hier seulement….. « A mon arrivée à Gadouram, j’ai montré au chef du village l’endroit où ils vont construire l’école. Par la suite, les villageois m’ont présenté 37 enfants parmi lesquels j’ai choisi 17 qui ont l’âge d’être inscrits au Cours Initial (CI). Malgré la solitude et la méconnaissance de la langue kanuri et me rappelant des conseils de ma grande mère sur l’éducation de la jeune fille, quant elle regrette le cas de ma mère, j’ai ressenti franchement le devoir moral et patriotique de rester avec ces élèves qui ont fait leurs premiers pas à l’école avec moi. Le jeune homme de vingt neuf (29) ans ne termine pas son récit sans avoir des larmes aux yeux. Le jeune directeur s’est lancé dans ce combat pour persuader cette communauté à accepter l’importance de l’école en général et l’intégration de la jeune fille à l’école en particulier. Je me suis engagé pour que l’inscription et le maintien de la jeune fille à l’école soit approuvé par les habitants de Goudouram. Le premier défi pour moi, a été d’installer l’école et de commencer les cours. Il fallait donc inventer une stratégie bien que je ne connaisse aucun mot de la langue locale et ceux d’en face ne parlent eux que le kanuri. A l’inspection de Goudoumaria, on m’avait juste donné le cahier d’élève, de la craie et une ardoise. C’est pourquoi, « je n’ai pas attendu pour le Un enseignant qui sauve la fille du chef du village d’un mariage forcé par une contre- promesse de mariage comme… garantie ! Lisez plutôt une histoire particulière de promesse de mariage en lien avec la question de scolarité de la jeune fille. Fadima Mai Harandé peut aujourd’hui s’estimer heureuse. Elle tient un mari et espère réussir à l’école….. reste. J’ai enlevé de ma poche l’argent pour la construction des briques, l’achat du ciment et de l’ardoisine pour confectionner le tableau ». C’était nécessaire pour moi d’apprendre la langue kanuri pour mieux dispenser les cours. Mes élèves sont devenus mes principaux amis, on se promène souvent ensemble au village et en brousse pour chercher de l’eau. A Gadouram, j’ai passé quatre ans avant d’être affecté à Grema boukarni. Actuellement, beaucoup de mes anciens élèves de là-bas vont passer en classe de troisième, j’en suis fiers. Grema boukarni, une autre histoire pour le jeune enseignant À Grema boukarni, un village du secteur de kilakam à 45 km, côté Sud de Goudoumaria, frontière avec le Nigeria, j’ai trouvé une école créée en 2012. C’est donc là-bas que j’ai mené la bataille contre le mariage précoce de Fatima. En effet, à mon arrivée, elle était en classe de CE2 sans pour autant savoir que ses parents l’on promise en mariage. C’est ainsi qu’en pleine année, le prétendant a voulu l’enlever de l’école pour célébrer le mariage. C’est donc en ce moment, que j’ai senti le devoir en tant qu’éducateur de protéger cette fille contre cette forme d’abus de ses propres parents. Pour empêcher son mariage programmé de longue date, je n’ai eu d’autre choix que de m’engager sur une nouvelle promesse de mariage auprès de ses parents, qui fort heureusement ont acquiescé. Le geste a eu un effet immédiat, celui de la maintenir à l’école une bonne fois pour tout. J’ai réussi à convaincre ses parents lors des rencontres de sensibilisation afin qu’ils consentent de restituer la dot à son prétendant. Quant à moi, je me suis engagé à prendre Fadima en mariage une fois qu’elle aura atteint l’âge nécessaire, mais à condition qu’on la laisse venir à l’école. Fadima Mai Harandé est une fille très intelligente et extraordinaire. Mon combat est de faire comprendre à cette communauté qui vit aux confins du Sahara, très éloigné des grandes villes du pays que tout comme un garçon, la jeune fille à aussi des droits. Elle peut bel et bien réussir à l’école. Son éducation est capitale dans la réduction de la pauvreté et le travail des enfants. Elle peut aider et contribuer au développement humain de son terroir et du pays. Son rôle n’est pas seulement d’être au foyer et de passer l’essentiel de son temps à donner naissance à des progénitures. Pour moi, le cas de Fadima doit servir d’exemple. Elle est l’unique fille du chef du village de Gréma Boukarni. L’enlever en cours de scolarité pour la donner en mariage aura un impact sur les autres filles du village et la maintenir jusqu'à l’âge recommandé obligera les autres parents à laisser leurs filles suivre l’école surtout qu’elle venait d’être créée en 2012, juste pour susciter le bon exemple, et son papa a généreusement accepté de l’inscrire en premier, malgré son âge de 12 ans. Actuellement, Fadima poursuit ses études, elle passe en classe de 5eme. Ses parents ont compris mon objectif. Mon vœux est qu’elle puisque un jour réussir et devenir un modèle, un exemple et un cas d’école à suivre. Je suis conscient que 24% des jeunes filles Nigériennes de 15 à 19 ans se sont mariées avant l’âge de 15 ans (EDSN, 2012). J’en appelle donc à une mobilisation des leaders d’opinion en faveur de l’inscription et du maintien de la jeune fille à l’école. Il faut mener des actions de sensibilisation et de plaidoyer tous azimuts auprès des parents. L’important pour moi, est de pousser à comprendre qu’on pourrait éviter plusieurs risques dont la mortalité maternelle, les fistules obstétricales et aussi l’absence des femmes dans les principales activités économiques de notre pays. C’est dire qu’en plus de leur éducation, il faudra aussi faire des efforts pour intégrer les femmes dans les principales activités économiques nationales.