Les violations des droits de l’homme, le musellement de la presse, les déplacements des personnes à l’intérieur des pays, les migrations, le non-respect des lois et des instruments internationaux, etc. Il y a un peu plus d’un mois, les ONG africaines des droits de l’homme réunis à Banjul en Gambie ont fait le point des activités qu’ils ont menées durant l’année 2017-2017.
Des observations faites par les points focaux régionaux sur la démocratie, les Droits de l’homme et l’Etat de droit en Afrique, les violations des droits de l’homme ont fait un bon considérable dans les pays africains. En dépit des évolutions qui sont intervenues dans l’armature institutionnelle et le corpus législatif des Etats. De manière générale, avaient-elles fait remarquer, l’Afrique s’enfonce dans les clivages politiques, sociaux et économiques qui meurtrissent ses populations. Outre la lutte contre le terrorisme qui a contribué à aggraver les restrictions des libertés individuelles, la croisade contre le VIH /sida exacerbe encore les discriminations de certaines couches de la population sur la base de leur sexe ou de leur orientation sexuelle. Une situation ambiguë, selon les défenseurs des droits de l’homme qui ont appelé les Etats au respect des engagements pris. Dans le cas d’espèce, il s’agit de la charte africaine des droits de l’homme et son protocole de Maputo qui oblige les pays africains à traiter leurs citoyens avec justice et équité, avec un accent sur la santé de la reproduction. Dans la lutte contre le VIH /sida, objet de notre reportage, les stigmas, les discriminations basées sur le genre et l’orientation sexuelle semblent s’intensifier, au détriment de la santé publique. Depuis une dizaine d’années, la prise en compte des Groupe minorités a été inscrite dans les actions à mener dans le cadre du combat contre l’un des plus grands fléaux du 21è siècle. Dans cette perspective, les questions de l’éthique et du droit dans le sida avaient été soutenus afin d’affiner les pratiques de soins dans les hôpitaux et l’information des populations incluses dans les projets emmenés. Entre le début des années 2000 et l’année 2015, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Les Nations-Unis à travers l’Oms, et l’ONUSIDA pour ne citer que ces agences-là, ont multipliés les directives tendant à renforcer les clivages dans nos sociétés. De leur côté, les médias qui constituent le maillage essentiel dans la lutte contre cette pandémie en Afrique ne savent pas comment traiter de la problématique des minorités sexuelles sans faire la promotion ou l’apologie de l’homosexualité. Les journalistes notamment évitent le sujet pour ne pas mettre en marge de la loi qui criminalise certaines pratiques. La plupart des ONG de défense des droits de l’homme sont désemparés, mais leurs promoteurs comme les Etats acceptent les financements qui accompagnent les projets qui sont élaborés en faveur des groupes LGBTI. Certains pays africains à l’instar de l’Afrique du Sud ont déjà légiféré sur la question, la côte d’Ivoire, le Burkina Faso, entre autres ont leur loi. Au Cameroun, le ton a été durci pour bien montrer la position et la détermination de l’Etat camerounais. Une enquête d’Angeline EBODE Droit à La Santé De quel sexe es-tu ? La question des genres dans le sida prend des proportions inimaginables dans la société camerounaise.
De quel sexe es-tu ? Ceci est une question banale, mais ô combien lourde de signification que les personnels médicaux posent aux usagers qui fréquentent les hôpitaux. Lorsque vous répondez de sexe féminin ou masculin, les soignants rétorquent qu’ils vous accordent le bénéficie du doute, en attendant confirmation par le médecin. Traduction ? Les médico sanitaires auxquels les patients sont exposés au premier chef à leur entrée dans une formation sanitaire savent que le médecin partagera avec eux les informations qu’il aura collectées pendant votre séjour dans son cabinet. A l’enregistrement donc, les paramédicaux vont plus loin dans la prise des traditionnels paramètres (poids, taille, température, tension artérielle, etc.), ils vous demandent à quand remontent vos derniers rapports sexuels, surtout avec qui vous l’avez fait. Beaucoup de personnes ne comprennent pas le sens de cette autre question, mais qu’importe, ce n’est pas l’objectif poursuivi par ces infirmiers et infirmières qui auront leur réponse par d’autres moyens.
Une fois dans le cabinet du médecin, le malade est encore soumis à un interrogatoire cette fois-là plus ouvert et moins frustrant. Mais là aussi, se plaignent les psychologues des structures hospitalières qui nous parlent sous anonymat, la mentalité du médecin est déterminante dans la mesure où ses insinuations et ses attitudes emmènent certains patients à se fermer et donc à dissimuler des informations nécessaires aux soins dont ils ont besoin. En général, une fois sortis de la consultation médicale, ces patients vont migrer, vers un autre hôpital où ils seront mieux entretenus.
Ainsi les stigmas dans les structures sanitaires aujourd’hui dépassent l’entendement dans un contexte généralisé de prise en charge des Personnes vivants avec le VIH /sida sans discrimination d’aucune sorte basée sur le sexe ou l’orientation sexuelle. Pour résoudre ce problème, des centres de santé destinés aux hommes qui aiment les hommes (MSM) ont été créés, à l’exemple dans les locaux de l’association Alternatives Cameroun dans la capitale
économique. Certains hôpitaux publics eux aussi sont chargés de l’encadrement des MSM à l’instar de l’hôpital de district de Nylon à Douala.
Des concepts complexes à définir. Pour l’opinion publique africaine, les concepts qui ont été introduits dans la lutte contre le sida semblent trop complexes pour être retenus. Pour cela il faut les définir et les interpréter dans le contexte africain. La commission de l’union Africaine travaille à l’interprétation des termes tels que : Valeurs culturelles et bien-être des sociétés. Les identités selon une certaine définition peuvent être comprises à deux niveaux (Tap,
19800). « Au sens large, c’est l’ensemble des caractéristiques physiques, psychologiques, morales, juridiques, sociales et culturelles à partir desquelles une personne se définit, se reconnait et se fait connaitre ; ou à partir desquelles autrui peut la définir, la situer, ou la reconnaitre ». Au sens restreint, toujours selon cette source, c’est le sentiment d’identité, i.e. que l’individu se perçoit le même, reste identique à lui-même dans le temps. Elle se réalise de façon dynamique, impliquant la recherche de sécurité et d’une plus grande stabilité. Selon le dictionnaire Hachette encyclopédique (2001), la valeur :
C’est le principe idéal (cause première, fondement théorique, loi générale) auquel se réfèrent les membres d’une collectivité pour fonder leur conduite (valeur morale, sociale, esthétique, échelle de valeurs, etc.). Exemple de valeurs : la liberté, la paix, le courage, les valeurs sont universelles. La norme, c’est la règle, la loi à laquelle on doit se conformer. La norme s’appuie sur des valeurs. Elle varie selon l’époque ou le contexte.
Source : Anne Marie Manga, Humanity First