Le Spécialiste des droits de l’homme, enseignant d’universités est aussi le promoteur de la fondation Humanus.
Pensez-vous que le gouvernement doive protéger ouvertement les populations à risque tels que les groupes marginaux ?
C’est évidemment légitime parce que ces groupes à risques sont les populations les plus exposés, surtout les hommes qui aiment les hommes. Historiquement, ils ont été les groupes les plus infectés, et jusqu’à il n’y a pas longtemps, le sida était synonyme d’homosexualité. En ce qui concerne les travailleuses du sexe, il me semble qu’elles sont plus prudentes et plus
saines. Parce qu’elles sont très sensibilisées sur les risques auxquels elles s’exposent. Ainsi elles se protègent probablement très bien. Donc, c’est le contraire qui aurait surpris. En tout cas c’est tout à fait légitime qu’elles soient l’une des cibles prioritaires de la lutte contre le VIH/sida.
Le fait de les protéger officiellement va-t-il heurter nos mœurs, étant donné que l’homosexualité est interdite dans notre pays ?
Cela soulève une question de droits de l’homme, et je crois qu’il y a beaucoup d’amalgame au sujet de l’homosexualité. Cette pratique n’est certes pas un droit de l’homme, mais l’éthique des droits de l’homme s’applique à tout le monde sans discrimination. C’est une question d’éthique. Protéger les homosexuels ne signifie pas qu’on en fait l’apologie ou la promotion Il ne s’agit que de défendre l’être humain, sans considération de leurs orientations, de leurs options de vie. C’est exactement comme les gens de religions différentes ; ils méritent tous les droits fondamentaux : Entrer dans un bureau, circuler librement, avoir droit à l’information, à la santé, à la nutrition, à la vie.
En clair, quelqu’un qui est catholique est-il fondé à dénier le droit à la santé à un témoin de Jéhovah ?
C’est presque la même chose pour les homosexuels. Respecter les droits des témoins de Jéhovah ou ce qu’on appelle les «Born again» ne signifie pas qu’on adhère à leurs options. Quel que soient ses affiliations religieuses, la personne reste un homme, c’est valable pour les homosexuels. Je pense que les défenseurs des droits de l’homme, surtout ceux qui se spécialisent dans la défense de l’homosexualité doivent pouvoir faire cette nuance-là, pour rendre le combat crédible devant les populations réfractaires, car on peut défendre les homosexuels sans défendre l’homosexualité. Quelle que soit la répugnance qu’on a pour la pratique, l’homosexuel reste un homme.