Outre le respect d’une parité parfaite, les femmes de la mairie de Kaffrine participent pleinement à la gestion de la municipalité. Leurs idées font aussi l’objet d’une attention particulière. L’affirmation est de Benoît Ndione, proche collaborateur du maire Abdoulaye Willane.
Quelle est la place des femmes dans la gestion de la municipalité ?
Je pense que la première chose à préciser, c’est que dans l’élection du conseil municipal, nous avons tenu compte de la parité qui est un aspect très positif. Cela veut dire 50 % hommes et 50 % femmes. Nous pensons que c’est une volonté manifeste, que ça soit du côté de l’Etat ou de la commune, pour enfin donner à la femme toute la place qui lui revient de droit. Le deuxième point est la commission. Nous avons des présidents et présidentes de commission. Parfois, si nous n’avons pas de présidente de commission, nous avons alors une secrétaire pour que la femme soit bien représentée, et le député-maire est très sensible à cela.
Dans les débats, je sens une très grande participation des femmes. Nous avons deux femmes qui sont à leur deuxième mandat ; pour ainsi dire, elles sont rompues à la tâche. Elles font des propositions assez pertinentes. Et nous, on ne cherche pas à savoir qui est homme et qui est femme. Si la proposition est pour le bien de la communauté, on la prend en compte. En plus, le député-maire de Kaffrine est très sensible à cette question. Depuis deux ans, il a enclenché un processus, il y a eu une affirmation politique pour voir comment la femme peut participer amplement au niveau du conseil. C’est en relation avec le Cosef (Conseil sénégalais des femmes) que plusieurs rencontres ont été organisées sur le budget participatif sensible au genre pour voir comment la femme peut être renforcée dans ses capacités pour pouvoir mener amplement son rôle dans le conseil municipal et même dans les quartiers. Nous avons une oreille très attentive aux propositions des femmes.
Quel est essentiellement le contenu du message des femmes lors de leur intervention ?
Elles sont en train de se battre pour que la femme puisse avoir son rôle dans le conseil. Ce sont des femmes qui sont trop imbues des réalités de Kaffrine. Beaucoup sont à leur deuxième mandat et quand nous sommes, par exemple, dans le débat d’orientation budgétaire pour le vote du budget, elles font des propositions très pertinentes, parfois même plus pertinentes que celles des hommes.
Quelles sont les priorités qu’elles expriment très souvent ?
Les priorités qu’elles expriment, c’est par rapport à la santé de la femme et de l’enfant. Il y a quelques mois, nous avions eu l’opportunité d’accueillir un représentant du ministère de la Femme pour mettre le focus sur la prise en charge maternelle et infantile. L’autre aspect, ce sont les groupements. Nous avons beaucoup de femmes qui se battent pour que l’Etat, en relation avec la commune, puisse donner les moyens pour s’assurer d’une certaine autonomie financière.
L’éclairage public est très souvent évoqué. Mais, apparemment, la mairie est impuissante face à la question…
Nous ne parlerons pas d’impuissance, mais comme on dit, ce sont des situations de circonstances. Le problème, c’est surtout pendant l’hivernage. Quand il y a trop de vent avec des pluies très fortes, des lampes sont généralement endommagées. Mais je ne pense pas que la commune soit impuissante. Nous avons budgétisé l’achat de lampes publiques qu’il faut remplacer. Cette année même, la mairie a recruté deux électriciens pour qu’ils puissent prendre en charge cet aspect.
La majorité des femmes n’ont pas effectué d’études poussées. N’est-ce pas un handicap à leur pleine participation à la gouvernance locale ?
Comme vous connaissez bien notre maire, il veut toujours que son message passe et pour cela, la langue de Molière et celle de Kocc Barma sont utilisées à la fois. Si vous participez au conseil, vous verrez qu’il utilise plus le wolof qu’une autre langue pour mieux faire comprendre ses messages. Parfois, quand vous parlez français, ce sont les femmes qui vous coupent pour vous demander de parler le wolof. Donc la langue ne constitue pas un problème.
Certes, elles pourront s’exprimer, mais la compréhension des enjeux, à un certain niveau, risque de poser problème, non ?
Pas du tout ! Nous avons un bon groupe. Certes, il y a certains (es) qui ne maitrisent pas le français. Mais je le répète, nous n’avons pas d’analphabète. Le message passe toujours.
PAR BABACAR WILLANE