« Médias citoyens pour une gouvernance environnementale participative au Sénégal »

La situation endémique de la mal gouvernance, accentuée par la « culture de la corruption »[1] à toutes les échelles de gouvernance, la fragilité socioéconomique du pays face aux effets des changements climatiques (inondations ; montée des eaux marines ; glissement de terrain ; sécheresse…) impactent négativement l’environnement au Sénégal.

L’importance des recettes issues de l’exploitation des ressources forestières (3 milliards/an) contraste paradoxalement avec l’absence de transparence dans le processus de délivrance des permis d’exploitation, mais également sur la répartition de ces ressources entre Etat, collectivités territoriales, exploitants forestiers et communautés.

Le cadre juridique et règlementaire de l’environnement existe[2], mais demeure insuffisant. Les politiques à l’échelle locale et nationale tardent à intégrer réellement la dimension environnementale (Abandon  unilatéral de la loi sur le foncier  par les autorités étatiques). 

Les initiatives parlementaires de contrôle du pouvoir exécutif qui auraient pu constituer une pression supplémentaire sur les autorités gouvernementales à faire preuve de clarté et de transparence dans la gestion des questions environnementales sont très rares voire inexistantes. Leurs fonctions de contrôle, de législation et de représentation du peuple que leur confère la Constitution ne sont pas pleinement assumées. Le blocage du projet de loi sur le littoral au niveau de l’assemblée nationale depuis 2016 en est une parfaite illustration. 

Le pouvoir judiciaire qui devrait appuyer la quête de la transparence et de « l’accountability » dans la gouvernance environnementale peine à jouer pleinement son rôle dans l’équilibre des pouvoirs et à appliquer les lois en vigueur, favorisant ainsi les cas d’atteintes et de dégradation de l’environnement (déforestation en Casamance, exploitation frauduleuse du sable marin à Guédiawaye, déversement des déchets industriels toxiques sur la baie de Hann, construction d’une arène nationale dans la zone humide du TechnoPole à Pikine...).

Le contrôle citoyen qui devrait être exercé par les OSC, notamment les associations de jeunes, sur les pouvoirs publics au niveau local et national ne donne pas les résultats escomptés. Les initiatives citoyennes qu’elles portent et les actions de dénonciation des atteintes et dégradations environnementales peinent à se faire connaitre/entendre faute de maitrise des moyens et canaux de communication (anciens et nouveaux médias).

Les médias accordent environ 1% de leurs productions à l’environnement. Ils ne s’y intéressent que dans des situations extrêmes  comme cela a été le cas de la tuerie de 15 exploitants forestiers en Casamance. Ils continuent de surfer sur le sensationnel au détriment d’une information de qualité pour dénoncer les cas d’agressions et participer à la sensibilisation des communautés sur les enjeux environnementaux.        

C’est en réponse à ces nombreux défis, entre autres, que l’IPAO a initié, avec le soutien de l’Union Européenne (UE), le projet « Médias citoyens pour une gouvernance environnementale participative au Sénégal » qui vise à Renforcer les jeunes et les médias à développer une conscience citoyenne pour une gouvernance démocratique, participative et responsable de l’environnement, au Sénégal.           

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